Encadrement des loyers : location, zone tendue

Face à la hausse des loyers et à la pénurie de logements dans certaines zones géographiques, le gouvernement français a mis en place l’encadrement des loyers. Ce dispositif législatif vise à réguler les prix des locations et à faciliter l’accès au logement pour tous. Dans cet article, nous décryptons les mécanismes de l’encadrement des loyers, les conditions d’application du dispositif et les spécificités des zones tendues.

Les principes de l’encadrement des loyers

L’encadrement des loyers est un dispositif qui a été instauré par la loi ALUR de 2014, puis modifié par la loi Elan de 2018. Son objectif principal est de réguler les prix des locations dans les zones où la demande locative est particulièrement forte et où les loyers sont élevés. Concrètement, cela signifie que dans certaines zones géographiques, le montant du loyer d’un logement ne peut pas dépasser un plafond fixé par l’État.

Pour mettre en œuvre ce dispositif, le gouvernement s’appuie sur un indice de référence des loyers (IRL). Cet indice sert de base pour calculer la variation annuelle des loyers. Il est publié chaque trimestre par l’Insee et reflète l’évolution du coût de la vie.

Les zones tendues et leur impact sur l’encadrement des loyers

Le dispositif d’encadrement des loyers ne s’applique pas de manière uniforme sur l’ensemble du territoire français. En effet, il cible spécifiquement les zones tendues, c’est-à-dire les zones où la demande locative est particulièrement élevée et où les prix sont jugés excessifs.

Les zones tendues sont définies par un décret du 10 mai 2013, qui en dresse la liste précise. Elles regroupent notamment les agglomérations de plus de 50 000 habitants où il existe un déséquilibre marqué entre l’offre et la demande de logements. Parmi ces zones, on trouve des villes comme Paris, Lyon, Marseille, Bordeaux ou encore Nice.

L’encadrement des loyers dans ces zones tendues se traduit par la mise en place d’un loyer de référence. Ce dernier est fixé par arrêté préfectoral et varie en fonction du type de logement (meublé ou non meublé) et du nombre de pièces. Il existe également un loyer de référence majoré, qui correspond au plafond autorisé pour une location.

Les conditions d’application de l’encadrement des loyers

Pour que le dispositif d’encadrement des loyers soit applicable, plusieurs conditions doivent être réunies :

  • Le logement doit être situé dans une zone tendue.
  • Il doit s’agir d’une première location ou d’une relocation.
  • Le bailleur doit respecter les plafonds de loyer de référence et de loyer de référence majoré.

En cas de non-respect de ces conditions, le locataire peut saisir la commission départementale de conciliation (CDC) pour demander une diminution du loyer. Si aucune solution amiable n’est trouvée, le litige peut être porté devant le tribunal d’instance.

Les effets de l’encadrement des loyers sur le marché locatif

L’encadrement des loyers est un dispositif qui suscite des débats et dont les effets sur le marché locatif sont difficilement mesurables. Certains observateurs estiment qu’il a permis de modérer la hausse des loyers dans les zones tendues, tandis que d’autres considèrent qu’il a freiné l’investissement immobilier et limité l’offre locative.

Selon une étude réalisée par l’Observatoire des loyers de l’agglomération parisienne (OLAP) en 2020, les loyers ont globalement augmenté moins vite dans les zones où l’encadrement est appliqué (+0,6% entre 2018 et 2019) que dans les zones non encadrées (+1,1%). Toutefois, il est difficile d’établir un lien direct entre cette évolution et la mise en place du dispositif.

D’autre part, une enquête menée par l’Institut d’aménagement et d’urbanisme (IAU) en 2018 révèle que près de 20% des logements loués à Paris ne respectaient pas les plafonds de loyer imposés par l’encadrement. Cette situation s’explique notamment par le fait que les sanctions en cas de non-respect du dispositif sont peu dissuasives pour les bailleurs.

Il apparaît donc nécessaire de poursuivre l’évaluation des effets de l’encadrement des loyers sur le marché locatif et d’envisager des ajustements du dispositif pour garantir un accès équitable au logement pour tous.